TSF n°16 – FICHE N’EST PAS GODILLE, SVP !

 « Tortiller » de l’aviron…

Objectif : jouer au marin breton debout à l’arrière de son canot se promenant négligemment au milieu du port, une main dans la poche, l’autre « tortillant » son aviron.

Le Principe

« La godille est à l’hélice ce que l’aviron est à la roue à aubes ! » Jean Le Gouin (1845-1923)

Quand on rame, pagaie ou avironne, on »tire » ou « pousse » l’eau avec sa pelle. dans le cas de la godille, la propulsion est due à la transformation d’une force perpendiculaire à l’axe du bateau en force propulsive : c’est le principe du vent de travers qui propulse la voile, orientée grosso modo à 45°, vers l’avant (cf TSF n°4) ou celui de l’hélice dont la pale est inclinée tourne perpendiculairement à la marche (contrairement à la roue à aubes…).

 Il s’agit donc de déplacer la pelle de l’aviron de godille latéralement (alternativement de gauche à droite et de droite à gauche !) en lui donnant une inclinaison d’à peu près 45° avec l’axe du bateau. Cette inclinaison est inversée à chaque « balayage ».

La pratique

A l’instar du moteur à explosion (d’accord, le carburant est différent …), le mouvement de base de l’aviron est donc un cycle à 4 temps !

  1. un déplacement latéral
  2. suivi d’une rotation de 90°
  3. puis un déplacement latéral contraire
  4. et une nouvelle rotation de 90° dans le sens inverse.

La propulsion s’opère lors des déplacements latéraux.

L’aviron

  • longueur : en position, pelle complètement immergée, la poignée arrive sous le menton
  • matériau : bois sans nœuds et de préférence souple (mais pas trop !) pour un meilleur effet de fouet

L’idéal, c’est le frêne !

La position du corps

  • campé de manière stable sur ses deux pieds légèrement écartés
  • dans l’axe exact de la dame de nage … pour godiller droit !
  • le plus près possible du tableau arrière : plus l’aviron est vertical, meilleure est la propulsion (on veut aller en avant, pas vers le fond !)
  • le corps est bien droit, pas penché en avant (pour éviter le mal de dos …)
  • le déplacement de l’aviron est provoqué par la poussée alternative des bras … et des jambes, non par la flexion latérale du torse (même raison …)

Si la dame de nage est déportée sur le côté, ne pas hésiter à godiller un genou sur le banc latéral.

La position des bras

  • les mains sont ramenées au niveau de la base du cou, coudes au corps
  • les avant-bras font un angle d’environ 60° entre eux (un angle plus ouvert des avant-bras ne permet pas une flexion suffisante des poignets, d’où une rotation incorrecte de l’aviron).
  • le déplacement de la poignée est horizontal passant d’une épaule à l’autre, son déplacement latéral étant donc égal à la largeur d’épaule.

Si l’angle des avant-bras s’ouvre, la poignée n’arrive plus à hauteur d’épaules … et le moteur cale (la pelle finit par remonter et « échapper ») !

Si la poignée effectue un déplacement en « arc de cercle » d’un bord à l’autre, c’est joli … mais pas efficace ! (la pelle qui dérape est moins propulsive)

La position des mains

  • les mains sont placées l’une au dessus de l’autre
  • elles serrent modérément la poignée, mais restent constamment dans la même position
  • les rotations de l’aviron sont permises par la flexion des poignets (débattement de + ou – 90 °)

Non seulement il n’est pas utile que les mains se déplacent lors des 4 phases, mais le fait de les déplacer ou de les laisser glisser sur la poignée entraîne automatiquement des ampoules au bout de quelques minutes …

La position de départ

Mains en position, aviron centré, pelle à plat dans l’eau, on tire l’aviron d’un côté en inclinant la pelle de 30° vers le bas, puis on enclenche le mouvement alternatif : tirer, tourner, tirer, tourner, de manière régulière, plutôt lente dans un premier temps.

L’écueil majeur est surtout de vouloir tirer en tournant (ou l’inverse !), il est donc préférable de bien décomposer le mouvement au début … (Le joli 8, il viendra tout seul, plus tard, avec l’entraînement !)

Quand ça marche …

Contrairement à l’automobile, la godille est livrée de série avec une boite de vitesse automatique (si, si !), il faut donc s’y faire … et c’est l’inclinaison de la pale dans l’eau qui joue ce rôle.

Plus simplement :

  • la pale est à plat (0°), le mouvement est très facile, mais la propulsion nulle (c’est le point mort !)
  • la pale est un peu inclinée (30°), la propulsion est puissante, mais lente (on est en 1ère !)
  • la pale est très inclinée (60°), la propulsion est peu puissante, mais rapide (on est en 5ème !)
  • la pale est complètement inclinée (90°), le mouvement est très difficile, … et la propulsion nulle ;-)

Ces angles sont bien sûr approximatifs : c’est un peu à chacun de trouver le « bon » angle d’attaque de la pelle…

Pour résumer, quand on « démarre » (à fortiori si c’est un bateau lourd …), on donne peu d’inclinaison à l’aviron. Plus on prend de la vitesse, plus on incline la pale dans l’eau.

C’est quand qu’on fait ça ?

Contrairement à l’aviron, la godille est utilisée pour des déplacements courts … (On n’a pas encore traversé l’Atlantique à la godille …). Elle a tout de même de gros avantages :

  • la maniabilité : les avirons ne dépassant pas sur les côtés, ça aide dans les ports souvent encombrés
  • la mise en œuvre facile : on n’a pas à s’installer, il ne faut qu’un aviron et ça prend moins de place à bord

Attention toutefois à la dérive due au courant (anticiper le cap en conséquence ou raser les berges) et à la prise au vent (descendre la dérive car le bateau chargé derrière a tendance à « lever du nez » et à déraper)

Et pour tourner ?

Facile, il suffit, tout en godillant au même rythme, de plus incliner la pale d’un côté que de l’autre (je vous laisse trouver lequel …) et de simultanément tirer un peu plus fort le « manche » de ce même côté !

Et devant ?

La godille, ça marche dans tous les sens … et en particulier à l’envers, pour « tirer » le bateau !

Devant : Assis en côté dans le nez du bateau, il est possible de godiller en avant (lorsqu’on veut par exemple venir s’intercaler entre 2 bateaux à quai). L’avantage, c’est qu’on « tire » le bateau par le nez, sa trajectoire est donc plus précise.

La technique est assez simple : la main supérieure au niveau de l’épaule, coude complètement plié, est fixe et fait office de pivot. L’autre main, en bas, à la limite de la pelle, effectue le va-et-vient, le poignet tournant d’un ¼ de tour à chaque « bout de course », comme pour la godille arrière à la différence près que l’on « tire » l’eau à chaque déplacement latéral (en orientant donc la pale « vers le haut »). C’est beaucoup plus pratique que le «pagayage» (où l’on doit sortir la rame de l’eau pour pagayer alternativement à gauche et à droite …)

En côté : Pratique si l’on veut par exemple rapprocher le bateau du quai, c’est aussi efficace que le propulseur d’étrave ! Il suffit de se placer sur le côté, à la hauteur du centre de carène et de godiller perpendiculairement à l’axe du bateau en utilisant la technique ci-dessus. A deux, c’est encore mieux ! Un devant, l’autre derrière, et le bateau se rapproche parallèlement au quai pour le « créneau » parfait …

Une autre astuce consiste à godiller normalement avec deux avirons latéraux (s’il y a deux tolets, ou dames de nage) du côté opposé au quai. Avec un peu d’entraînement, un seul « godilleur » fait sans problème « avancer » en travers le bateau !

Voilà : à vos avirons, et RDV dans tous les ports de la côte cet été !

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