Réaliser un foc

J’ai essayé un foc sur mon Ilur, un foc de 420 certes pas tout à fait adapté pour mon canot, mais suffisant pour constater de bons résultats en terme :

Représentation Ilur avec foc

  • d’efficacité aux virements de bord,
  • de puissance au près,
  • d’équilibre au près, mon canot devenant un peu moins ardent, juste ce qu’il faut et loin de devenir mou ! ( J’ai toujours pensé que l’Ilur était un peu trop ardent, au moins le mien…)

  • de pédagogie : Une écoute de plus pour le foc permet de confier une tâche permanente à un autre équipier, l’occasion de faire tourner les équipiers sur plusieurs postes… C’est important d’occuper activement son équipage.

 

C’est pourquoi j’ai décidé d’adopter ce gréement à tendance très « plaisance », soit tout d’abord un foc, et à l’étude, un gui sur la misaine à bordure libre.

Coquelicot

Je me suis malgré tout demandé si ce type de gréement avait déjà été dessiné par certains architectes. Eh bien Oui !… à en croire cette photo du Chasse-Marée n°120 qui représente Coquelicot, 10 pieds du Havre construit par le chantier Hamel en 1902, en régate.

 

Noter :

  • la misaine bômée amurrée en arrière du pied de mât,
  • le long bout-dehors et son foc
  • les mâts haubannés.

 

  1. Les dimensions du foc
    Le bout-dehors dépasse de 1 mètre exactement par rapport à l’étrave, ce qui m’a permis d’adapter un foc qui vire sans s’empêtrer dans la vergue de la misaine. J’ai mesuré, le mât en place et la misaine envoyée, les dimensions suivantes : Guindant 3.15 m, chute 2.84 m, bordure 1.60 m. Le point d’écoute arrive donc au niveau du mât, ce qui donne une surface de recouvrement de la misaine par le foc assez faible, afin de de pas perturber l’attaque de la misaine (là j’ai suivi les conseils d’un voilier qui m’a tuyauté).

  2. Conception par le logiciel SailCut4Logo logiciel SailCut4
    Le logiciel Sailcut4, du domaine du FreeWare (logiciel gratuit), a été écrit par Robert Laine. Ce logiciel est téléchargeable sur le site de R. Laine à l’adresse suivante : http://www.sailcut.com. Téléchargez SailCut. Ce logiciel permet de modeler une voile en calibrant le creux et le cintrage de la chute et de la bordure. SailCut m’a calculé les 4 laizes que je vais devoir assembler.

  3. Le tissu
    Le tissu est du polyester de 180 grammes au mètre carré, grammage fréquemment utilisé pour les petits dériveurs. J’en ai trouvé du blanc en largeur de 914 mm à 85 francs le mètre linéaire. 4 mètres me seront nécessaires. Le schéma ci-dessous permet de comprendre comment faire de l’économie de tissu.Placement des laises
    J’ai également acheté du scotch double-face transparent, de 6 mm de largeur (chez un voilier) qui permet, au moment de l’assemblage des laizes de fixer l’emplacement des pinces (pour forcer le creux de la voile) et de la former
    les rabats sur les bords.

  4. Tracé des panneaux
    Tracé
    Les coordonnées éditées sur le schéma des panneaux imprimé par le logiciel SailCut, permettent de tracer directement sur le tissu au crayon papier. Les coordonnées (X,Y) des points remarquables (coins…) sont donnés en fonction du coin inférieur gauche de chaque laize. J’ai réglé :

    • la largeur des recouvrements pour les coutures à 13 mm (la hauteur des panneaux éditée par SailCut ne tient pas compte de cette largeur supplémentaire),
    • le rabat de la bordure à 20 mm,
    • le rabat de la chute à 15 mm,
    • le rabat du guindant à 40 mm. Les 40 mm de recouvrement au guindant permettront de réaliser une gaine pour le passage de l’étai en inox.
  5. Découpe des laizes
    La découpe du polyester s’effectue à l’aide d’un fer à souder assez puissant dont la panne sera affinée pour découper
    correctement tout en fondant le tissu. L’idéal serait d’utiliser ces fers à souder de plus de 100W à gâchette avec des pannes fines et coupantes. J’ai un peu souffert sur cette opération avec mon fer à souder les composants électroniques de 40W…
    J’ai consciencieusement découpé le haut et le bas de chaque laize (exactement sur le trait). Par contre il faut laisser sur les côtés guindant et chute suffisamment de tissu pour coudre ultérieurement les rabats.

  6. Assemblage des laizes
    Commencer par potasser la documentation de votre machine et par vous assurer qu’elle est en bon état de marche (un peu d’huile dans les rouages!).
    Vous devez réaliser les réglages suivants :

    1. Sélectionner le point Zig-Zag,
    2. Utiliser une aiguille de 90/100 assez costaud mais pas trop épaisse. J’ai utilisé une aiguille à « cuir ».
    3. Le fil est un fil polyester acheté chez Accastillage Diffusion assez fin pour passer aisément dans
      le chas de l’aiguille,
    4. La tension du fil doit être suffisante pour obtenir un point Zig-zag identique dessus et dessous. Procéder à des essais sur des chutes de tissus avec au moins 2 épaisseurs,
    5. La largeur du point est d’environ 4 mm et la longueur 5 mm,
    6. Coudre à vitesse lente,
    7. Pour des coutures « droites » adopter un guide tel que représenté ci-dessous.

    Tous les assemblages de la voile seront réalisées par des coutures zig-zag doubles, autrement dit 2 traits de coutures qui se suivent parallèlement.
    Pour permettre à la toile de filer sans effort dans l’espace intérieur de votre machine à coudre, je vous conseille de rouler la laize de ce côté et de la maintenir roulée par de grands trombones.

    Point zig-zag Guide
    Un beau point zig-zag est aussi tendu dessus que dessous Utilisation d’un guide pour des coutures bien droites
  7. Les renforts
    Le premier renfort fait la moitié de la largeur et de la longueur du 2ème renfort. Ce renfort est cousu uniquement, dans un premier temps, sur les deux côtés « bordure et chute ».
    Le second renfort recouvre le premier. Le premier renfort est pris en sandwich entre la voile et le second renfort.Le second renfort est également cousu à la voile sur son pourtour. Une couture finit d’assembler les 2 côtés intérieurs du premier renfort à la voile et au second renfort.
    Renforts
    Enfin, les renforts sont recouverts partiellement au moment des coutures finales des rabats de bordure, chute et guindant…

  8. Finitions du pourtour de la voile

    • Commencer par fixer le creux de la chute conformément au plan établi dans SailCut. Découper la chute en tenant compte de la largeur du rabat. Coudre la chute de 2 traits de couture légèrement espacés.
    • Coudre le rabat de la bordure.
    • Coudre la gaine de 15 mm de diamètre pour l’étai de guindant.

    L’idéal est de constituer un plan de travail horizontal au niveau du plan de la machine à coudre, plan sur lequel glissera facilement l’ensemble de la toile (dans l’atelier d’un artisan voilier les machines à coudre sont au niveau du sol et le couturier est assis dans une fosse).

  9. Finitions

    • Pour protéger le point d’écoute coudre une bande de cuir sur le bord à proximité de l’emplacement du futur œillet.
    • Procéder à la pose des 3 œillets de coins.
    • Un étai en inox passera dans la gaine de guindant. L’étai est terminé par 2 cerclages. La toile est tendue sur l’étai par des garcettes passant dans l’œillet d’amurre et la cosse d’étai d’amurre. Même chose pour le point de drisse. Évidemment ce n’est pas très traditionnel tout cela … M’enfin !…
  10. Teinture
    Des colorants spéciaux pour synthétiques permettront de faire passer le blanc du tissu à un écru, ou Champagne, ou
    saumon, je l’espère durable….

Pour marque-pages : Permaliens.

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