Raid des trois rivières

L’idée de ce raid est venue au cours de diverses conversations. Cette année le projet est passé à sa phase de préparation puis de réalisation. Le projet consiste à partir de Trentemoult et d’y revenir en ayant parcouru en autonomie une grande boucle : descente de la Loire, navigation sur la mer jusqu’à la Vilaine, remontée de la Vilaine et passage sur le Canal de Nantes à Brest, sortie sur l’Erdre et descente de celle-ci vers Nantes pour repasser en Loire et finir à Trentemoult. 3 rivières, une mer, un canal, pleins d’écluses et quelques jours de plaisirs sur un bateau.
preparation
Un road book a été fait durant l’hiver pour baliser le trajet, relever les distances et difficultés, identifier les lieux d’hébergement pour les hommes et le bateau, les points de ravitaillement et définir les différentes étapes. Le trajet est découpé en étapes théoriques en tenant compte des distances, des contraintes (marée, heures d’ouverture des écluses, points d’hébergement) et de la capacité du bateau et de son équipage.

Le choix du bateau s’est porté sur la Yole de Ness « Haute-ile ». Nous avions besoin d’un bateau marin, pouvant transporter toutes nos affaires, se comportant bien à la voile et à l’aviron. Afin de préparer ce raid nous avons fait une après-midi de navigation sur la Loire et l’Erdre. A cette occasion nous sommes partis avec trois types d’avirons différents : au final nous retenons la navigation avec deux grands avirons en pointe, le troisième larron étant à la barre. Une paire d’avirons supplémentaire (ceux habituels de la yole) est embarquée pour les manœuvres dans les endroits étroits (écluses, tunnel, …) et au cas où !

Pour la partie voile, pas de rôle ni d’organisation précise. Par contre à l’aviron nous partons sur un rythme de changement de position toutes les 20 minutes avec une rotation sur les trois positions (deux à ramer et une à se ‘reposer’ à la barre). Cette organisation, les avirons et le bateau nous ont permis de couvrir de grandes distances entièrement à l’aviron sans aucun problème pour l’équipage (pas de trace de courbature, mal de dos et autre).

Les étapes initiales du projet sont :

  • Premier jour : descente de la Loire et passage sur la mer. Bivouac vers Pornic ou la Turballe.
  • Deuxième jour : fin de la partie maritime et passage sur la Vilaine. Bivouac vers La Roche Bernard
  • Troisième jour : La Vilaine et le début du canal. Bivouac à Guenrouet
  • Quatrième jour : La canal de Guenrouet à Blain. Bivouac à Blain
  • Cinquième jour : la fin du canal et passage sur l’Erdre. Bivouac à Nord-sur Erdre
  • Sixième jour : l’Erdre, la Loire et l’arrivée

Après étude des marées, le départ est fixé au samedi 5 juin 2016 avec la marée du matin de 6h à Nantes.

Vendredi soir (04/06)

Un petit briefing avec une météo pas très engageante sur les vents qui sont orientés N ou NE, la pire des situations vis à vis du programme. Par contre, du côté du temps pas de grand beau mais pas de pluie non plus. La préparation finale du bateau est faite, mise en place des différents équipements et rangement des bagages. Il est constaté que, la Loire étant très haute et avec beaucoup de courant, le courant de marée montante ne se voit pas. On prend donc la décision de ne pas partir à l’heure de marée haute mais une heure plus tôt pour gagner sur la renverse. Le départ est donc fixé à 5h du matin.

Samedi (05/06)

4h30 récupération de Luc chez lui par Ghislain et on retrouve Yves au CNSL. 5h00 Grosse pétole, y va t’on ? On essaye et on en fera moins si cela ne s’avère pas possible.
5h20 Départ : pas de vent => aviron, temps doux.
En descendant et avec la levée du jour, un léger vent apparait. On hisse, cela va nous permettra d’être manœuvrant. La descente se poursuit sur le toboggan de la marée descendante et du flux de la Loire. Plus la matinée avance et plus le vent donne, permettant de lancer la Yole sur de longs bords de voile en fonction des méandres. Passage sous le pont de St Nazaire à 11h30 et l’on aperçoit un bout de pavois du Belem que l’on pensait voir sur la mer : il a du retard !
Notre challenge, passer la pointe de St Marc avant la renverse, est le point critique de la journée. Le vent s’amuse avec nos prévisions sans arrêt, un coup ça souffle et cela s’interrompt subitement (passage alors aux avirons). La pointe est parée : ouf, malgré les prévisions météo on ne remontera pas à Nantes avec la marée !
On rejoint à la voile dans un vent mollissant l’ile des Evens vers 14h pour une pause repas où nous ne sommes pas seuls à déjeuner. Le vent se lève, on quitte les Evins vers 15h30. Où va t’on coucher ? Le Croisic ? La Turballe ? Pour l’instant on avance et on verra en fonction de l’heure (cela va être souvent le cas…) Le vent s’établit NO à la pointe du Croisic on décide alors d’aller jusqu’à Piriac. On file alors direct sur la pointe du Castelli sans aller vers la Turballe (La pointe de Castelli est atteinte à 19h).
Le vent étant toujours établi on décide de pousser jusqu’à Dumet. Mais c’est alors vent de face, on part pour de long bords avec un vent estimé à 4 Beaufort. On arrive sur Dumet (20h30) et on recherche une plage qui visiblement a disparu ! Finalement on décide d’accoster sur la grande plage à l’Est. 3 croiseurs sont là aussi. On remonte la Yole sur la plage sur des grosses défenses (apportées spécifiquement par Yves) et aidés par 3 personnes qui vont faire un barbecue. Une petite visite de l’ile puis c’est l’heure des tentes, du repas, et du couchage.
Bilan de cette première journée, on a fait plus de 100km en trace directe, on a dépassé le point d’étape prévu et cela pratiquement tout à la voile. Une superbe navigation, on n’y croyait ni à la préparation, ni au départ !
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Dimanche (06/06)

Réveil à 7h00 et départ à 8h30 (marée oblige, sinon la Yole reste sur la plage), vent de NE pile poil à l’opposé de notre direction vers l’embouchure de la Vilaine. Résultat : de longs bords pour arriver à l’embouchure et un peu d’aviron pour aider dans les moments où le vent joue avec nous. L’entrée en Vilaine se fait sous voile en tirant des bords : superbe ! Arrivée au barrage d’Arzal à 16h00 (suite à un petit effort à l’aviron, il y a des horaires à respecter). On nous informe que seuls les bateaux motorisés peuvent franchir l’écluse. Sympa l’éclusier nous permet de nous glisser dans un petit espace (de toute façon seulement utilisable par nous) entre une grosse vedette et un croiseur.
Un peu d’aviron jusqu’à un petit recoin de la rivière (merci Yves de nous faire découvrir ces lieux) puis poursuite à la voile vers la Roche-Bernard. Une petite brise devant la Roche Bernard nous conduit à poursuivre. Mais le vent tombe avec le soir et nous finissons aux avirons. Arrivée 20h30 à Folleux et camping sauvage sur le bord de la Vilaine à côté du chantier.
Bilan de la journée, beaucoup de bords avec du vent dans le nez et une faible progression sur la route directe. Le début de la Vilaine se fait à la voile comme dans les prévisions et l’étape prévue est dépassée pour profiter des conditions favorables.
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Lundi (07/06)

Départ 9h00 (grasse mat) à l’aviron. Un court essai de voile sera fait dans la matinée mais rien, pas de vent. On a tout descendu, mat compris, et on poursuit à l’aviron. Arrêt pique-nique au pont de Cran (pont rotatif). La remontée de la rivière se fait à l’aviron, absolument pas comme prévu car avec des vents dominants d’ouest on espérait bien en faire la plus grande partie à la voile ! Arrêt pour acheter du pain à Rieux (seule course du voyage).
Arrivée et franchissement de l’écluse du Bellion (début du canal) vers 16h. Là on l’espérait car on le voyait arriver, avec une direction qui n’allait pas du tout pour la rivière mais qui était prometteuse pour le canal : le vent. Un vent arrière qui permet de lancer la voile sur le canal et d’avancer rapidement. Mais cela ne dure pas et on termine à l’aviron parmi les bébés cygnes et leurs parents très protecteurs pour s’établir au camping de Guenrouet (première douche !!!) à 20h30.
Bilan : une longue étape d’environ 50km avec beaucoup d’aviron mais pas de problème pour les équipiers. Notre système de rotation est parfait. Le bief entre l’écluse du Belion et Guenrouet est d’environ 20km et sans carte précise il a été très difficile de nous situer et d’estimer notre avance, d’autant que c’était notre première journée d’aviron.

Mardi (08/06)

Départ 10h (grasse mat) à l’aviron mat descendu. On attaque les écluses qui sont un moment de pause bienvenue. On débarque un équipier qui va aider l’éclusier ou manœuvrer l’écluse si celle-ci est en libre service. Les deux autres s’occupent de la Yole (entrée dans l’écluse, tenue des amarres, sortie de l’écluse). 5 écluses jusqu’à Blain où nous décidons de ne pas nous arrêter au camping et de poursuivre pour faire du camping sauvage. Un petit run d’aviron plus tard (4,8 km à une moyenne de 6km/h) pour pouvoir franchir l’écluse avant sa fermeture et nous nous arrêtons près de l’écluse de l’Atelier avec une arrivée à 20h30.
Bilan : une étape complètement à l’aviron, de nombreuses écluses où l’on est maintenant bien rodés. Aucun problème sur ce passage, avec une fois de plus une étape plus longue que prévue mais bon nous pensons que notre nuit le long du canal en valait la peine.
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Mercredi (09/06)

Départ 9h en direction de la fin du canal : 7 écluses jusqu’à l’Erdre. Le pique-nique près de l’écluse de la Rabinière avec un point d’eau pour la vaisselle ainsi que des sanitaires. Arrivée sur l’Erdre à 17h par l’écluse de Quiex (formulaire à remplir sur notre vision du canal et de ses aménagements). On passe à la voile et descente tranquillement, une petite brise, un petit courant mais on profite de cette belle journée. Arrivés au pont de l’autoroute, passage à l’aviron. On bivouaque sur la rive de l’Erdre tranquillement malgré la présence de la ville toute proche.
Bilan : Presque conforme à la feuille de route. En tout cas, la descente de l’Erdre a été faite à la voile.

Jeudi (10/06)

Départ 9h20 et rencontre avec Alain pour un petit échange sur le raid. Il faut continuer vers l’écluse Saint Félix, horaire de marée oblige. On passe le tunnel et on se présente à l’écluse St Félix à 10h30. Arrivée en Loire à 10h50. Là le toboggan est toujours là depuis samedi et la marée descendante ainsi que le courant de Loire nous emportent sans aucun effort à vitesse grand V vers le but. La loire en crue nous dépose à Trentemoult à 11h30 sans beaucoup d’efforts, pas mal ! Sachant que l’on a avironné uniquement sous les ponts pour rester en ligne et pour la traversée de la Loire pour rejoindre Trentemoult.
Sortie de la Yole et barbecue pour se restaurer puis 3h de nettoyage de la yole sous le soleil (regardez la belle ligne de flottaison de la Yole !)

Avant nettoyage

Avant nettoyage

Bilan

Un beau raid en autonomie sauf pour du pain (une fois) et bien sûr de l’eau régulièrement. Le bateau s’est parfaitement comporté et la nage à l’aviron a été un plaisir. Le principe de la rotation permet de ne pas se fatiguer et varie les positions dans le bateau ainsi que les points de vue. Pour le bateau , prévoir des coussins en mousse pour pouvoir tenir si longtemps sur les bancs et des gants !
Au final près de 270km (relevé en ligne directe sur les cartes) à la voile et à l’aviron, six jours de plaisirs, 18 écluses, une moyenne d’environ 4km à l’aviron même sur des longues journées et un bateau qui avance à la voile même dans les petits airs. Le mois de juin et ses longues soirées n’a pas été trop rude même si on aurait souhaité plus de vent régulier dans une bonne direction. Un véritable plaisir à partager ces quelques jours entre les trois équipiers sur le bateau, alors, en 2017…

Organisation

Bien préparer le circuit et les possibilités de repli.
Dans le bateau, les sacs ont trouvé leur place rapidement et l’ont gardé jusqu’au bout :

  • à l’arrière : sacs des tentes et tapis de sol
  • dans le pic avant : cirés, cubi, pharmacie, réserve d’eau
  • sous le banc central : un lourd sac de provision
  • sous le banc d’étambrai : deux sacs
  • entre l’étambrai et le pic : 2 sacs et les 2 grosses défenses

Bien préparer la partie aviron qui peut devenir très rapidement pénible. Nous nous félicitons de notre choix du type d’aviron (entre les trois paires que nous avions), d’une nage en pointe (qui nous a permis de ne pas être complètement synchrones) et d’une rotation toutes les 20 minutes (barreur, banc 1, banc 2).
Prévoir des mousses pour faire siège, les bancs en bois à la longue, c’est dur.

Photos

Crédit photos : Ghislain, Luc, Yves

Pour marque-pages : Permaliens.

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