Complainte
Le 21 octobre, tout prêts â naviguer
dessus une frégate nous nous sommes embarqués
nous nous sommes embarqués en grande diligence
pour aller voyager dans les îles de France.
Petite galiote toi qui vas dans les îles
petite galiote toi qui vas dans les îles
toi qui vas dans ces îles faire un si long voyage
prie Dieu qu’il te conduise toi et ton équipage!
Quand nous fûmes hors rivière, cinq cents lieues sur l’eau
nous avons fait rencontre c’est de trois gros vaisseaux
» petit navire français oserais-tu t’y défendre
trois gros navires anglais sont venus pour t’y prendre
« Nous sommes vingt ou trente tous du même accord
plutôt que de nous rendre nous subirons la mort
la mort s’il faut subir le seigneur nous écoute
mettons la voile au vent et taillons de la route ! »
Mais quand nous fûmes aux îles, aux îles de Saint-Vincent
le tonnerre les éclairs et les dragons volants
et les dragons volants qui sur nous se déchaînent
à la fois plus de cent y tomba sur nos vergues.
Nous avons un capitaine hardi comme un lion
il tire son épée claire, il monta sur le pont
il nous a commandé d’y plier les cordages
en attendant passer la tempête et l’orage.
Nous avons force bonhommes calfats et charpentiers
qui nuit et jour travaillent c’est pour nous étancher
ils ont tant travaillé qu’ils nous ont mis étanches
par la grâce de dieu sommes revenus en France.
En arrivant en France tire un coup de canon
pour saluer Paiimboeuf, Paimboeuf et le Migron
pour saluer Paimnboeuf, les bourgeois de la ville
et leur faire savoir que le navire arrive.
Les filles de Paimboeuf venez au bord de l’eau
pour voir ces beaux navires chargés de matelots
chargés de matelots qui reviennent de guerre
il y a bien trente six mois qu’ils n’ont pas vu la terre.
Il faut écrire une lettre à monsieur le lieutenant
pour lui faire savoir que tous ses pauvres enfants
monsieur le lieutenant qui est dans la citadelle
vos marins vos soldats sont tous dans la misère.