Paroles recueillies dans CAP HORN livre de Henry-Jacques (1947)
Mousse, où est la pomme?
Au sommet du mat.
Le feu de Saint-Elme
En jaillit comme une fleur.
Monte en ton domaine
Epars les oiseaux.
Sur l’abîme se promène
Ton pied nu crispant l’orteil.
Selon deux cadences
Danse ait cacatois.
Toute ta vie se balance
Mal accrochée à cinq doigts.
Pétrisseur de toile,
Seul contre le vent,
La courbe pure d’une aile
S’allonge et meurt dans ta main.
Rentrée en sa ligne
Comme une branche d’hiver
La vergue nue se cramponne
Gémissante à son collier.
La haute mâture
Crevant les jupes de lin
Comme un ex-voto
Se suspend au ciel marin.
Docile à la houle
D’écume et de lait
Ton corps rassemble en lui-même
Trois mondes complets.
O rythmes étranges!
L’Océan sous tes talons,
L’échelle des anges
Commence à ton front.
Renversant la tête,
Fidèle au roulis,
Vois le ciel qui te pénètre
Sans se laisser conquérir.
Il faut redescendre
De vergue en vergue l’azur,
Les yeux écartés,
Plein de vertige et d’air pur.
Garde dans tes paumes
Les signes d’en haut :
Le vent tourmentant du Cap
Les embrassera bientôt.