Adieu, cher camarade se classe dans la catégorie des chansons de gaillard d’avant. Cette expression désigne la partie du bateau occupée par l’équipage, l’arrière étant réservée aux quartiers des officiers. ceux ci n’appréciaient guère cette chanson de matelot dont les paroles encourageaient à l’indiscipline, si ce n’est à la mutinerie ; et les commandants de vaisseau de la Marine nationale finirent par l’interdire. Elle connut le même sort dans l’infanterie où des soldats remplaçaient le mot marin par biffin, soldat de l’infanterie. (Traditionnel)
Adieu, cher camarade, adieu, faut nous quitter
Faut quitter la bamboche à bord il faut aller !
En arrivant à bord, en montant la coupée,
A l’officier de quart il faudra se présenter
Faudra se présenter.
Coup de sifflet du Maître, poste d’appareillage !
Autour du cabestan se range l’équipage.
Un jeune quartier-maître, la garcette à la main,
Aux ordres d’un premier maître nous astique les reins,
Nous astique les reins.
Jours de fête et dimanches on nous fait travailler
Comm’ les bêtes de somm’ qui sont chez nos fermiers
Pour ration, des gourganes, des biscuits pleins de vers
Le quart de vin en bas et la nuit, les pieds aux fers,
La nuit, les pieds aux fers.
Et vous, jeunes fillettes qui avez des amants
Bourlinguant tout là-bas à bord des bâtiments,
Ah ! soyez-leur fidèles, gardez bien votre coeur
A ces marins modèles qui ont tant de malheur,
Qui ont tant de malheur.
Et si je me marie et que j’ai des enfants,
Je leur cass’rai un membre avant qu’ils ne soient grands
Je ferai mon possible pour leur gagner du pain
Le restant de ma vie pour qu’ils ne soient pas marins
Qu’ils ne soient pas marins !