Paroles recueillies dans CAP HORN livre de Henry-Jacques (1947)
Les collines de la mer
Bondissent jusqu’aux nuages.
A l’assaut de leurs flancs verts
Nous allons cueillir l’espace.
Au sommet mouvant des cimes
Posés comme un albatros
Nous dominons l’Atlantique
De notre minceur d’oiseau.
Mais à chaque bond oblique
Sur la route désirée
La houle nous précipite
Dans ses profondes vallées.
Le beaupré, la pointe en bas,
Ouvre le fond des abîmes,
Ou, redressé comme un mât,
En haut se fleurit d’écume.
Le gouvernail indocile,
A contretemps de la proue,
Bat l’air de coups inutiles
Ou coule à mouiller sa roue.
Pour raidir nos voiles basses
De ses coups de poing violents
Le vent libre dans le ciel
A pris trois cents lieues d’élan.
Mais bordé par nos efforts
Le voilier, muscles et nerfs,
Se défend de tout son corps
Comme une bête des mers.
Et l’instinct le soulevant,
Il va, le nez à la course,
Plein du sentiment obscur
De sa tâche et de sa force.