Complainte
Nous sommes partis de Grand Toulon
trois gros vaisseaux du roi Bourbon,
pour aller faire une croisé
sur les côtes d’Espagne
à Lishonne il a fallu mouiller
en attendant l’escadre.
Le lendemain, dix heur’s sonnant
par ordre de notre Commandant
fallut mettre Foudrion au vent,
grands huniers et misaine
pour aller joindre l’Occident
qui est à Carthagène.
Toute la nuit, marchant grand train
en poursuivant notre chemin,
nous pensions bien dès le matin
d’entrer à Carthagène
hélas, grand Dieu, ah! quel malheur!
le vent devient contraire.
Nous sommes bien restés croiser
en attendant le vent changer
avant que le vent ait changé
par la pluie et l’orage
nous avons été rejetés
plus de cent lieues au large.
Le lendemain, au matin jour,
nous aperçûmes sous le vent à nous
cinq à six gros vaisseaux anglais
venant comme la foudre
nous crovions bien en peu de temps
être réduits en poudre.
Ils ont hissé leur pavillon,
vraiment c’est pour nous saluer
auparavant de nous parler
la chose en est étrange!
c’est les boulets de trente-six
qu’ont commencé la danse!
Le premier bord qu’ils ont tiré
ils nous ont bien tout démâté
ont cassé le mât d’artimon
avec toutes ses cordes
les pauvres matelots, hélas
criaient miséricorde.
Notre combat a bien duré
trois jours et trois nuits sans cesser
on voyait les boulets rouler
d’un bâtiment à l’autre
jamais il n’avait été vu
combat semblable au nôtre!
Pour la dernière oppression
on vit venir comme des lions
deux ou trois gros vaisseaux anglais
venant à grand furie
sur nous ils avaient bien lâché
toute leur batterie!
Nous sommes forcés de ramener
puisque nous voilà démâtés
qu’on apporte mon porte-voix
que je publie ma sentence:
« Mon Foudrion beau Foudrion
tu n’es plus de la France! »
Pavillon nous avons hissé
à bord ils sont montés
ils sont assis dessus le pont
faisant grand révérence:
« c’est donc vous messieurs les Français
qui fait grand résistance ! »
« Oh oui, oh oui nous le savons
c’est à vous que nous nous rendons;
donnez vous la peine de passer
derrière dans la grand chambre
vous trouverez notre général
qui est à vous attendre ! »