Complainte
Le vingt et un du mois d’avril
chers camarades il faut partir; (bis)
il faut partir pour l’Angleterre
qui nous a déclaré la guerre (bis)
Nous avions mis nos voiles au vent
c’était la veille de la Saint-Jean
quand j’aperçus un gros navire
qui v’nait sur nous avec furie.
Coup de semonce ils ont tiré
mais avec des boulets ramés
les boulets ont touché l’arrière
le sang coulait comme riviere.
Le premier coup qu’il a tiré
le mât d’artimon a cassé
il a tiré par le derriére
il a blessé mon quartier-maître.
Le lendemain au point du jour
le capitaine va faire son tour
voir s’il n’y a personne de malade
parmi les hommes de l’équipage
Mon capitaine, mon bel ami
y a personne d’malade ici
y a qu’un pauvre quartier-maître
qui est en bas sous la dunette.
Oh, quartier-maître, mon bon ami,
n’avez-vous pas d’regret d’mourir
je n’ai qu’un regret en ce monde
c’est de mourir sans voir ma blonde.
Oh, quartier-maître, mon hon ami,
voulez-vous qu’on la fasse venir
par quatre officiers de marine
qui sont en bas dans la cabine?
Quand il la vit venir au loin
son mouchoir blanc dedans sa main
Trop tard, trop tard, ma pauvre blonde
car je ne suis plus de ce monde!
J’engageai mon anneau d’or
ma croix d’argent tous mes trésors
mon anneau d’or et ma ceinture
galant, pour guérir ta blessure!
Non, non, ma mie, n’engage rien
je vais mourir, je le vois bien
n’engage rien dedans ce monde
car ma blessure est trop protonde!
Demain matin a’ cette heure-ci
vous me verrez enseveli
par quatre officiers de marine
qui sont à bord de ce navire.
Dans le cimetiére ils ont été,
cent coups d’canon ils ont tirés,
cent coups d’canon dessus la tombe
mon cher amant n’est plus de ce monde.