Chant d’adieu au cap

Paroles recueillies dans CAP HORN livre de Henry-Jacques (1947)

La ligne des navigages
Relève enfin vers le Nord.
Un horizon sans nuages
S’offre à notre bout-dehors.
Jeté par dessus l’épaule
Le Cap, comme un vieux fatras,
Ce n’est pas encore, vieux Pôle,
Ton eau qui nous retiendra.
Comme on change de culottes
Voici qu’on change de ciel.
Hâle-bas, casaque et bottes,
Good bye, good bye farewell!
Gras comme un morceau d’étoupe
Ce qui reste de l’hiver
Fait en menace a la poupe
Un dernier signe dans l’air.
Baignée par d’autres lumières
La peau craque sous le sel.
Cap Horn, enfer et misères,
Good bye, good bye farewell!
Soleil, gloire désirée,
Voici ton avènement.
Mets sur nos mains déchirées
Ta tiédeur de pansement.
Les hautes voiles remises
Font leur plein d’air en chantant.
Le grand pavois des chemises
Salue un nouveau printemps.
Heureuse d’une autre route
Notre barque va nageant
Et fait sonner ses écoutes
Comme des grelots d’argent.
Hanches souples sur la quille,
Barque de soie et de fer,
Tu vas toujours, belle fille,
Bien dansante sur la mer.
Au loin, la mort qui s’étonne,
Nous fait de l’œil, sans adieu…
Nous avons été des hommes…
Vive la mer, nom de Dieu!

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