Paroles recueillies dans CAP HORN livre de Henry-Jacques (1947)
A Sankt-Pauli la célèbre,
Où mon brick trempait dans l’Elbe,
J’ai croisé le long du port
Une femelle superbe
A qui j’ai dit tout d’abord :
Tiens, voilà mon bout-dehors !
Il est taillé pour la lutte,
Répondit la bonne pute.
Mais est-il toujours si fort
Qu’il ne craigne la culbute?
D’acier fourré de bitor,
Tiens, voilà mon bout-dehors!
Il porte bien la voilure
Plante-toi cette mâture,
Tu peux, si le cœur te mord,
Naviguer à l’aventure.
Pour naviguer sur ton corps,
Tiens, voilà mon bout-dehors!
Dans la mer, garce qui fume,
Bien des fois, bouillant d’écume,
Il a plongé sans effort.
Jamais l’embrun ne l’enrhume,
Le calme plat ne l’endort.
Tiens, voilà mon bout-dehors!
Ayant largué la chemise,
Porté grand largue à la brise,
J’embarquais l’amour à bord,
Et la garce, enfin surprise,
Dit, les mains crochant bâbord
Tiens, voilà mon bout-dehors!
Je lis Si bien, que la fille
D’épontille en épontille
Dut bientôt virer de bord.
Mais en roulant sur sa quille
Elle murmurait encor :
Tiens, voilà mon bout dehors!
A l’aube, vide de moelle,
Je dus remettre à la voile,
Et mon brick fuyant le port,
Son beaupré chargé de toile,
Semblait dire au ciel du Nord :
Tiens, voilà mon bout-dehors!